S177 - Les déficits énergétiques intrajournaliers sont associés à un plus haut pourcentage de graisse chez les athlètes
Le bilan énergétique d’un individu est un facteur prépondérant de la performance athlétique, du pourcentage de graisse, de la croissance et du risque aux blessures d’un athlète. Il est courant de retrouver des athlètes qui s’imposent volontairement des restrictions d’apports caloriques afin d’atteindre une certaine masse corporelle ou pourcentage de graisse. La croyance populaire est telle que plusieurs croient qu’une perte de masse corporelle se traduise directement en une amélioration de la performance. Cependant, certaines évidences dans la littérature suggèrent que les déficits énergétiques ainsi créés soient associés à de plus faibles dépenses énergétique de base, des pourcentages de graisses plus élevés et de plus faibles densités osseuses. Les auteurs se sont intéressés à évaluer les répercussions des déficits énergétiques intrajournaliers chez des gymnastes rythmiques et des coureurs de moyennes et longues distances.
Les résultats démontrent que les sujets consommaient 1600 ± 657 kcal alors que leur dépense énergétique prédite était de 2384 ± 258 kcal. Ceci reflète donc un déficit d’environ 784 kcal. De plus, puisque non seulement la quantité totale de kcal ingérées était comptabilisée mais également à quels moments de la journée ils étaient ingérés, les auteurs rapportent que les athlètes passent 7.60 ± 6.36 heures dans la journée avec un déficit énergétique supérieur à 300 kcal. Le nombre d’heures passé en déficit énergétique s’est avéré corrélé positivement aux pourcentages de graisse les plus élevés. Finalement, les athlètes consommant la plus grande proportion de l’apport énergétique prédit étaient ceux qui affichaient les plus faibles pourcentages de graisse.
Ceci démontre donc qu’il est impératif que les entraîneurs et les athlètes soient conscients de ces résultats afin de préserver un bilan énergétique optimal. Les restrictions alimentaires qui font chuter l’apport énergétique sous le niveau du besoin énergétique prédit sont donc à proscrire puisque cela peut non seulement affecter négativement la performance, mais également entraîner des pourcentages de graisses plus élevés ce qui s’avère l’opposé de l’effet habituellement recherché. Il apparaît, de plus, que non seulement la quantité totale de kcal ingérée importe mais également les moments de la journées auxquels elles sont ingérées, la stratégie optimal étant de réduire au minimum la durée des moments de la journée passés en déficit énergétique.
Source primaire
Deutz RC et al.Relationship between energy deficits and body composition in elite female gymnasts and runners. Medecine & Science in Sports & Exercise 2000; 32(3): 659-68.
Rédacteur
François Désy
Ph. D. Département de kinésiologie, Université de Montréal