INTRODUCTION

La prédiction de la taille définitive d'un enfant présente dans certaines circonstances un intérêt majeur. C’est le cas, notamment, des jeunes sportifs de haut niveau qui pratiquent une discipline où les caractéristiques morphologiques sont parfois considérées comme un facteur limitant pour accéder au plus haut niveau. Ce phénomène se retrouve généralement dans certaines spécialités d’athlétisme, mais aussi dans la majorité des sports collectifs de petits terrains tels que le basket-ball, le hand-ball ou le volley-ball. Pour ces pratiquants et pour les entraîneurs, prévoir la taille adulte avec précision devient alors fondamental, surtout si le sujet présente des aptitudes dans une discipline donnée.

Différentes méthodes de prédiction de la taille ont été décrites dans la littérature.

Certaines restent très simples et ne considèrent que la taille des parents et la taille de l'enfant au moment de son évaluation (Deschamp et al. 1981). Une autre méthode, dite <>, prend en compte les mensurations de l’enfant rapportées aux courbes de référence de la population française situées dans le carnet de santé. Cette technique admet, comme hypothèse, que la taille adulte du sujet se situera dans la même déviation standard que celle dans laquelle il se trouve au moment de son évaluation. C’est à partir de ce procédé, que l’on envisage la taille adulte en multipliant par 2 la stature mesurée à l’âge de deux ans. D'autres méthodes sont plus sophistiquées. Elles prennent généralement en compte différents facteurs, tels que :

- la taille au moment de l’évaluation, l'âge osseux déterminé à partir d’une radio de la main et du poignet (méthode de Bayley et Pinneau, méthode de Greulich et Pyle);
- la taille au moment de l’évaluation, l'âge chronologique ainsi que la vitesse de croissance, l'année précédant l'évaluation (méthode de Walker);
- la taille au moment de l’évaluation, la taille moyenne des parents et l'âge osseux (méthode de Tanner TW2, méthode Roche, Wainer, Thissen);
- la taille au moment de l’évaluation et le degré de maturation sexuelle par l’analyse des stades pubertaires (méthode de Milicer).

Quelle que soit la méthode retenue, ce qui va intéresser le médecin, l'entraîneur, les parents ou le sujet lui-même demeure la précision de la prédiction.

POPULATION

Pour vérifier la précision de ces différentes méthodes, nous avons évalué une sélection des meilleurs jeunes basketteurs français (garçons et filles). Les mesures de la stature ont été collectées longitudinalement sur une durée de 4 ans aux âges de 11, 12, 13, 14 ans. Des radiographies de la main et du poignet ont été réalisées aux âges de 13 et 14 ans. Les prédictions de tailles ont été comparées aux tailles réelles atteintes par les jeunes à l’âge de 20 ans.

RÉSULTATS

Les tailles moyennes réelles atteintes par les basketteurs et basketteuses, à l'âge de 20 ans, se situent respectivement à + 2 écart-types pour les garçons (M = 186,5 ± 7,99 cm) et à + 1,5 écart-types pour les filles (M = 170,42 ± 5,64 cm), par rapport à la population de référence française.

Chez les garçons, la méthode de Greulich et Pyle a tendance à surestimer l'ensemble des prédictions, (M = 190,03 ± 10,07 cm). La méthode des canaux, pour sa part, sous-estime de 10 cm les valeurs de taille définitive. En moyenne, les pronostics des autres méthodes sont très proches des valeurs réelles atteintes à l'âge de 20 ans. Mais, c'est la méthode de Tanner TW2 qui présente le plus fort coefficient de corrélation entre les tailles prédites et les tailles atteintes, (r = 90, p < 0,001).

Chez les filles, les méthodes de Greulich et Pyle, de Milicer, des canaux de croissance, de Tanner présentent des valeurs très proches des tailles réelles atteintes par l'échantillon retenu (» 170 cm). La méthode de Roche, Wainer, Tissen affiche des valeurs moyennes inférieures (» 168 cm), ainsi que la méthode préconisée par Walker (» 166 cm). La méthode proposée par Deschamp sous-estime les valeurs prédites (» 159 cm) par rapport aux mesures de tailles réellement atteintes à l'âge de 20 ans. Comme chez les garçons, la méthode de Tanner TW2 est la plus précise (r = 92, p < 0.001).

CONCLUSION

La méthode de Tanner TW2 révèle les coefficients de corrélation les plus élevés entre les prédictions réalisées en période pubertaire et la taille atteinte à l’âge de 20 ans. Pour cet échantillon de basketteurs garçons et filles, cette méthode est la plus précise pour prédire la taille adulte.