S194 - Nager dans le sillage d'un autre nageur permet de réduire les exigences métaboliques associées à l'effort
Les effets résiduels de la natation avant les parties cyclisme-course pourraient être plus importants que ne le suggère le petit pourcentage de cette discipline dans le temps total d’un triathlon. En effet, les ajustements physiologiques apparaissent plus précocement dans une épreuve cycliste consécutive à un effort maximal en natation. C’est pourquoi, sur la partie natation, les triathlètes utilisent fréquemment une stratégie cherchant avant tout à économiser de l’énergie pour les disciplines à venir ; nager dans l’aspiration d’un autre nageur est une technique courante en natation en eau libre et en triathlon. Basset et al. (1) ont montré que nager dans l’aspiration à des intensités submaximales se traduisait par une diminution de 10 % de la consommation d’oxygène et de 31 % du lactate sanguin. Une des explications possibles de cette baisse de la réponse métabolique serait une diminution des résistances opposées à un nageur nageant en aspiration.
Les résultats de l’expérimentation menée par les auteurs sur une population de 14 triathlètes, hommes et femmes, de haut niveau ont mis en évidence : - qu’en situation d’aspiration, les triathlètes hommes nageaient en moyenne 9.5 secondes plus vite (-3.2 %) sur 400 m, le gain étant plus sensible (-5 %) dans le deuxième 200 m, - qu’en situation d’aspiration, la lactatémie et la fréquence de cycle s’avéraient plus basses, alors que la distance par cycle était plus élevée, - qu’un battement en 2 ou 6 temps ne modifiait pas notablement les conditions techniques, physiologiques ou de perception d’effort de l’aspiration, - qu’en situation d’aspiration, les résistances passives étaient plus basses, indépendamment du type de battement, - que plus les résistances passives étaient grandes, plus les triathlètes se situaient près du nageur créant l’aspiration.
Cette étude montre l’importance des bénéfices d’une nage en aspiration, et des différences d’expertise par rapport à cette habileté spécifique. D’autres études s’avèrent nécessaires pour quantifier son entraînabilité.
Source primaire
Performance, résistance passive et type de battement chez des triathlètes « élite » en natation avec drafting MILLET G., CHATARD J.-C., CHOLLET D. INSEP 1999, Les Cahiers de l’INSEP N° 24 : 200-208.
Rédacteur
Alain Poncet
Diplômé de l’INSEP, Chef du Service d’Information et de Documentation de l’INSEP
Éditeur
Didier Le Hennaff
Mots-clés
biomécanique, hydro, métabolisme énergétique, Natation, Physiologie, Technique, Analyse de la performance, préparation à la performance
Lectures suggérées
BASSET D.R., FLOHR J., DUEY W.J., HOWLEY E.T., PEIN R.L. Metabolic responses to drafting during front crawl swimming. Medicine and Sciences in Sports and Exercise 23 : pp.744-747, 1991.