Depuis longtemps les chercheurs se sont attardés à la compréhension mécanique et technique du crawl. Il existe trois modèles principaux de coordination. Il y a le modèle d’action en opposition qui implique que lorsqu’un bras débute la prise d’appui l’autre termine la phase de poussée. Il y a le modèle rattrapage qui se caractérise par une pause entre les phases de propulsion des deux bras. La pause se produit généralement dans lors de la prise d’appui. Le dernier modèle appelé superposition. Il est défini par un empiétement plus ou moins grand des deux phases de propulsion.

Dans cet article, les chercheurs ont développé un outil permettant de quantifier précisément les facteurs déterminants de la coordination et de voir leur impact sur les différentes distances de nages (50-100 et 800m) et ce, selon le niveau d’expertise des nageurs. L’outil s’appelle index de coordination. Ils ont également regardé la synchronisation bras-jambes et son incidence sur le modèle.

Les participants à l’étude étaient 33 nageurs français (29 garçons, 14 filles) dans les divisions nationales 1-2-3; divisé en 3 groupes. Ils devaient nager les distances de 50, 100 et 800 mètres crawl à des vitesses spécifiques associées aux distances. 2,5 % de la vitesse cible était accepté si non le nageur reprenait l’épreuve.

Les phases de coordination du mouvement des bras et des jambes à partir d’une analyse vidéo. Deux caméras sous-marines, une placée sur le côté et l’autre de face échantillonnent les images à une fréquence de 50hz. Les images des deux caméras sont synchronisées afin d’avoir sur un même écran l’image de face et de côté du nageur. Une troisième caméra placée à l’extérieure permet de mesure la fréquence par cycle, le nombre coup de bras et la vitesse. Par la suite une analyse vidéo permet de décortiquer la durée en centième de secondes des 4 phases du mouvement : 1. L’entrée et l’appui de la main dans l’eau correspondant au moment où la main pénètre dans l’eau et débute la propulsion. 2. La traction, correspondant au début de la propulsion jusqu’à ce que la main arrive parallèle à la ligne de l’épaule. 3. La poussée au déplacement de la main placée sous l’épaule jusqu’à la sortie de l’eau. 4. Le recouvrement s’étend de la sortie de la main de l’eau jusqu’à son entrée.

Par la suite, il note le temps de la phase de propulsion (LT). Lors du premier coup de bras droit, (LT1) représente le temps entre le début de la propulsion du bras droit jusqu’à la fin de la propulsion du bras gauche. Lors du deuxième coup de bras gauche, LT2 représente le temps entre le début de la propulsion du bras gauche jusqu’à la fin de la propulsion du bras droit. C’est deux valeurs sont ensuite exprimées en pourcentage de la durée total des cycles (IdC1 et IdC2). Ainsi l’index de coordination (IdC) s’exprime comme la moyenne de ces deux valeurs : IdC1 + IdC2) 2

Comment s’exprimer les modèles de coordination du crawl à partir de IdC?

Le modèle d’opposition présente un IdC = 0 puisque le modèle se suppose que la phase propulsive égale la phase non propulsive. Le modèle de superposition présente un IdC > 0 implique un empiétement des deux phases de propulsion. Le modèle de rattrapage présente un IdC < 0 implique une plus grand période temps en phase non propulsive que propulsive.

Étonnamment tous les participants à l’étude avaient des IdC négatif. Ce qui implique qu’ils utilisent tous le modèle de rattrapage. Cependant les IdC moyen est de –3,9 + 6,3%. En somme, il ressort que plus le niveau d’expertise des nageurs est élevé plus l’IdC est près de 0. De plus il semble avoir une corrélation entre la distance nagée et IdC. Plus la distance à nager est grande plus les nageurs ont des IdC < 0 et plus la distance est courte plus IdC se rapproche ou excède 0.

Pour ce qui est du mouvement des jambes, il apparaît que l’utilisation du six battements jambes ou 2 battements de jambe par cycle est indépendante de la modification du parton de coordination des bras. Il semble que les meilleurs nageurs ont plus de facilité à maintenir six battements de jambes par cycle que les nageurs moins expérimentés.

IMPLICATION DANS L'ENTRAÎNEMENT

Selon IdC, il apparaît clairement que les nageurs n’utilisent pas un mode de coordination unique. Il semble que le nageur s’adapte son mode de coordination selon l’épreuve. Cette modification du patron de coordination est autant plus grande que le nageur à de l’expertise. Le but de l’entraîneur est donc de trouver les moyens qui provoquent ces adaptations. L’entraîneur doit augmenter le bagage moteur de l’athlète en le forçant à adapter sa coordination motrice pour améliorer son rendement selon l’épreuve. D’après les principes mécaniques et biomécaniques il semble plus efficace d’avoir un IdC égale ou grand que 0 pour les épreuves de 100 et 50m et l’ IdC peut être plus petit que 0 pour les épreuves plus longues.