S216 - Une récupération passive permet de doubler le volume de travail réalisé lors d’efforts intermittents
Bien qu’une récupération active permette de réduire plus rapidement la concentration plasmatique de lactate qu’une récupération passive, il a récemment été suggéré que lors de séances d’entraînements par intervalles, une récupération passive pouvait permettre d’augmenter le temps maximal (Tlim) pouvant être maintenu à 120 % de la puissance aérobie maximale (PAM).
La présente recherche poursuivait deux objectifs : 1) comparer les Tlim de sujets sportifs lors de séances d’entraînement intermittentes où de courtes périodes d’efforts étaient entrecoupées de périodes de récupération active ou passive de durées similaires; 2) comparer les effets de chaque modalité de récupération sur l’oxygénation musculaire et le coût métabolique.
SUJETS ET MÉTHODE
Douze joueurs de football amateur âgés de 24,3 ± 4,1 ans ont participé à l’étude. Le protocole expérimental demandait aux sujets d’effectuer : 1) un test progressif maximal; 2) un test Wingate de 30 s; 3) un test de force-vitesse; et 4) deux séances d’entraînement expérimentales sur cycloergomètre. Les deux séances expérimentales demandaient aux sujets d’alterner, jusqu’à épuisement, des efforts de 15 s à 120 % de leur PAM et soit des périodes de récupération passive (RP) ou active (RA) lors desquelles une intensité équivalente à 40 % de la PAM était maintenue. Les séances expérimentales ont été réalisées dans un ordre aléatoire.
L’oxygénation de l’hémoglobine des capillaires musculaires (HbO2) était mesurée par spectroscopie du proche infrarouge lors des deux séances expérimentales. Les paramètres ventilatoires, échanges gazeux et fréquences cardiaques ont été mesurés en continu lors de toutes les séances. Les concentrations de lactate sanguin ont été mesurées à la fin du test maximal progressif et des séances d’entraînement expérimentales.
RÉSULTATS
L’utilisation de la RP a permis d’augmenter le Tlim de façon significative, comparativement aux séances où la RA était utilisée (RP = 962 ± 314 s; RA = 427 ± 118 s).
Le taux de réduction d’HbO2 était significativement inférieur lorsque la RP était utilisée, reflétant un taux de désoxygénation musculaire moins prononcé que lorsque la RA était utilisée (RP = 2,9 % ; RA = 7,8 %).
Le coût métabolique du travail réalisé était significativement réduit lorsque la RP était utilisée (RP = 48,8 mL/kg/min ; RA= 52,6 mL/kg/min), malgré une puissance de travail identique (120 % de la PAM).
Les concentrations plasmatiques de lactate étaient similaires, peu importe le type de récupération utilisé (RP = 12,6 mmol/L ; RA= 13,1 mmol/L ).
CONCLUSION
Cette étude démontre que l’utilisation de courtes périodes de récupération passive lors de séances d’entraînement intermittentes permet à des sportifs entraînés d’augmenter de façon importante la durée maximale de l’effort pouvant être maintenue à 120 % de leur puissance aérobie maximale et, inversement, qu’une récupération active est associée à une réduction du Tlim et à une désoxygénation musculaire plus rapide.
Ces résultats suggèrent que l’utilisation de périodes de récupération passive permet d’augmenter considérablement le volume de travail réalisé lors de séances d’entraînement par intervalles.
Source primaire
Dupont G et al. Passive versus active recovery during high-intensity intermittent exercises. Med Sci Sports Exerc 2004; 36(2):302-8.
Rédacteur
François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com www.athletemonitoring.com
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
récupération, consommation d’oxygène, entraînement, temps limite
Lectures suggérées
McAinch AJ et al. Effect of active versus passive recovery on metabolism and performance during subsequent exercise. Int J Sport Nutr Exerc Metab 2004; 14(2):185-96.
Spierer DK et al. Effects of active vs. passive recovery on work performed during serial supramaximal exercise tests. Int J Sports Med 2004; 25(2):109-14.