S262 - Le Biofeedback et la relaxation permettent d’améliorer l’économie de la consommation d’oxygène par les coureurs de longue distance
Il a été démontré que la consommation d’oxygène pour une vélocité de course sous-maximale donnée (qui est référé au « running economy ») est un important déterminant de la performance des coureurs de longue distance. Par ailleurs, peu d’études ont démontré que des méthodes d’entraînement pouvait améliorer la consommation d’oxygène. Plusieurs facteurs peuvent tout de même influencer la consommation d’oxygène pour un effort sous-maximal donnée, tel les fluctuations du rythme circadien, la fatigue, et l’état psychologique (Caird, McKenzie, & Sleivert, 1999). L’économie de la consommation d’oxygène serait maximisée lorsque les processus physiologiques et psychologiques travaillerait en synchronie (Caird et al., 1999). La présente étude émet l’hypothèse qu’une intervention psychophysiologique, telle que le biofeedback et la relaxation, diminuerait la consommation d’oxygène lors d’un effort sous-maximal pour ainsi améliorer le « running economy » des coureurs de longue distance. La logique sous-tendant cette hypothèse est que la relaxation amène une diminution de l’activation et qu’un état de basse activation amène une réduction de l’activité une diminution du système nerveux sympathique. Ainsi, une intervention combinant le biofeedback et la relaxation serait peut-être en mesure d’améliorer la performance des coureurs de longue distance en diminuant le coût énergétique sous-maximal d’un coureur (Crews, 1992). L’étude a donc pour but de déterminer si une intervention combinant le biofeedback et la relaxation pourrait améliorer le « running economy » au seuil de lactate pour un groupe de coureur de longue distance.
Pour se faire, 7 coureurs étaient tout d’abord soumis à un test de contrôle pour déterminer leurs valeurs respectives de « running economy », de seuil de lactate, de consommation d’oxygène (VO2), de consommation d’oxygène de pointe (VO2peak) et de la vélocité de course de pointe. Suite à ces mesures, les coureurs devaient continuer leur entraînement régulier pour 6 semaines, pour ensuite repasser les mêmes tests de contrôle. Les coureurs qui ne présentaient pas de différences significatives dans les mesures avant et après entraînement régulier étaient sélectionnés pour participer à la phase d’intervention. La phase d’intervention était également d’une durée de 6 semaines. Suite à l’intervention, les coureurs étaient de nouveau testés pour évaluer comment l’intervention avait amélioré leur « running economy ».
Durant la phase d’intervention, les coureurs ont reçu une formation de 2 techniques de relaxation : la méthode de relaxation progressive de Jacobsen et la méthode de centration. La première méthode veut que l’athlète contracte des groupes de muscles pour ensuite relâcher la tension, tandis que la deuxième méthode veut que l’athlète se concentre sur sa respiration abdominale. Dans les 10 minutes suivant la période de relaxation, chaque coureur était demandé de courir sur un tapis pour 10 minutes à une vélocité sollicitant 70% de leur vélocité de course de pointe. Chaque athlète courait pendant 5 minutes sans recevoir de biofeedback pour ensuite recevoir la rétroaction de leurs battements par minute, leur VO2, et de leur niveau de ventilation (VE). Les coureurs recevaient alors l’instruction d’utiliser la technique de centration pendant la course pour tenter de diminuer ces modalités physiologiques pour lesquelles ils recevaient la rétroaction.
Les résultats indiquent que les coureurs étaient en mesure, lors de leur course, de diminuer (au seuil de lactate) leur VO2 de 7,3%, leurs fréquences cardiaques de 2,5%, ainsi que leur VE de 9,2% en utilisant les techniques de relaxation apprises. Il a donc été conclu que l’amélioration du « running economy » était due aux interventions psychophysiologiques.
Source primaire
Caird SJ, McKenzie A, Sleivert GG. Biofeedback and relaxation techniques improve running economy in sub-elite long distance runners. Med Sci Sports Exerc 1999; 31, 717-722.
Rédacteur
Julie Senécal
M.A. Consultante en psychologie du sport, Montréal, Québec
Éditeur
André Fournier
directeur INS Québec - Montréal
Mots-clés
Biofeedback, relaxation, consommation d’oxygène
Lectures suggérées
Crews D. Psychological state and running economy. Med Sci Sports Exerc 1992; 24, 475-482.
GoldsteinDS, Ross RS, Brady JC. Biofeedback heart rate during exercise. Biofeed. Self-Regulation 1977; 2, 107-125.
Zaichowslzy L, Fuchs C. Biofeedback applications in exercise and athletic performance. Exerc. Sport Sci. Rev. 1998; 16, 381-421.