Un athlète peut mettre un terme à sa carrière pour différentes raisons : une blessure, un échec lors d’un processus de sélection, ou il peut simplement choisir librement de mettre fin à sa carrière. Un sportif s’identifie de plus en plus à son rôle d’athlète au cours de sa carrière. Par exemple, à un moment de sa vie, l’adolescent en vient à se définir comme athlète plutôt qu’étudiant. L’identité d’athlète fait référence à quel point l’individu s’identifie dans le rôle d’athlète (Brewer, Van Raalte, & Linder, 1993). Il a été suggéré qu’un sportif ayant une forte identité d’athlète s’ajusterait plus difficilement à la réalité de l’après carrière (Webb, Nasco, Riley, & Headrick, 1998). De plus, il a été proposé qu’un athlète devant se retirer suite à une blessure serait particulièrement vulnérable aux difficultés d’ajustement à la retraite (Pearson, & Petitpas, 1990). Il a donc été suggéré que les conditions selon lesquelles la retraite surviendrait, seraient un important facteur pour prédire l’ajustement des athlètes durant l’après carrière.

La présente étude a émis les hypothèses qu’une une forte identité d’athlète serait reliée négativement avec la satisfaction de vie globale et reliée positivement avec des difficultés d’ajustement à la retraite en plus d’un sentiment d’incertitude face au futur. Il a été prédit que cette relation serait encore plus forte pour les athlètes retraités à cause d’une blessure. De plus, la perception d’un manque de contrôle par l’athlète sur les événements de sa vie serait reliée négativement avec la satisfaction de vie et positivement reliée avec des difficultés d’ajustement à la retraite et un sentiment d’incertitude face au futur. Selon les auteurs de l’étude, cette relation serait plus forte chez les athlètes retraités dû à une blessure. Il a aussi été prédit que l’estime de soi des athlètes devrait être positivement relié à la satisfaction de vie et négativement relié avec des difficultés d’ajustement à la retraite et un sentiment d’incertitude face au futur et que, finalement, puisque le fait de ne pas être choisi dans un processus de sélection aurait un plus grand impact sur l’estime de soi, ces relations suggérées devraient être plus fortes pour les athlètes qui ont été coupés de leur sport.

Pour tester ces hypothèses, 93 athlètes retraités ont répondu à un questionnaire examinant chacune des variables étudiées. Ces athlètes représentaient 20 sports différents. Au total, 22% des athlètes étaient à la retraite suite à une blessure, 44% suite à une coupure dans un processus de sélection, et 34% par libre choix. Les résultats de l’étude démontrent que l’identité d’athlète est positivement reliée à des difficultés d’ajustement à la retraite (r = .423, p < .01) et que cette relation est effectivement plus forte chez les athlètes étant retraités suite à une blessure (r = .787, p < .01). L’identité d’athlète est aussi reliée au sentiment d’incertitude face au futur, mais seulement pour les athlètes retraités à cause d’une blessure (r = .633, p < .01). Il a également été démontré que la perception d’un manque de contrôle est significativement négativement reliée à la satisfaction de vie (r = -.241, p < .05), et positivement corrélée à des difficultés d’ajustement à la retraite (r = .219, p < .05) et au sentiment d’incertitude face au futur (r = 549, p < .01). Contrairement aux prédictions, ces relations sont plus importantes chez les athlètes qui n’ont pas réussi les procédures de sélection, au lieu de ceux qui ont subi des blessures. Pour ce qui est de l’estime de soi, elle est positivement relié avec la satisfaction de vie (r = .302, p < .01).

En conclusion, ces résultats démontrent que le contexte de la retraite et le degré d’identité d’athlète sont effectivement importants à considérer pour prédire l’ajustement à la retraite des athlètes. Spécifiquement, plus l’athlète a développé une identité d’athlète élevée, plus il est susceptible d’éprouver des difficultés d’ajustement à la retraite et c’est encore plus vrai si sa carrière se termine à cause d’une blessure. Les athlètes ayant subis une blessure sont également plus susceptibles de ressentir de l’incertitude face à leur futur. Selon ces résultats, il serait aussi important pour l’athlète de développer un sentiment de contrôle sur sa vie pour maximiser sa satisfaction de vie et minimiser les difficultés d’ajustement rencontrées à la retraite, surtout s’il a été coupé de son sport par un processus de sélection. Ces résultats sont donc importants à prendre en considérations par les athlètes, les entraîneurs, et les intervenants en psychologie sportive dans une perspective de préparation de l’après carrière.