S329 - On peut continuer d’améliorer les qualités physiques des joueurs de football pendant la saison de compétition
Pour être capable de compléter une succession de sprints à haute intensité et de récupérer rapidement, il est important que les joueurs de football (soccer) possèdent une bonne technique. Et pour maintenir un niveau d’intensité de jeu élevée durant toute la partie, il faut posséder une grande aptitude aérobie. L’entraînement en période de pré-compétition met souvent l’accent sur le développement de l’aptitude des joueurs à effectuer des fractions successives d’effort à haute intensité. Pendant la saison de compétition, l’entraînement est surtout axé sur l’amélioration des qualités techniques, tactiques et psychologiques, alors qu’on se contente de maintenir la condition physique préalablement acquise. La raison invoquée pour ne pas augmenter la charge d’entraînement à ce moment est qu’on veut éviter la fatigue excessive est le surentraînement.
Le but de cette étude était de déterminer les effets d’un programme d’entraînement par intervalles appliqué durant la saison de compétition sur la condition physique des joueurs de football. Vingt-deux joueurs de football professionnels ont participé à cette étude d’une durée de 20 semaines. Les 10 premières semaines (période contrôle), les joueurs maintenaient leur entraînement habituel mettant l’accent sur les habiletés techniques et tactiques. De la 11e à la 20e semaine, tout en participant à des matchs réguliers, les joueurs ajoutaient à leur programme d’entraînement 2 séances d’entraînement par intervalles à haute intensité, sans toutefois modifier le nombre d’heures total d’entraînement hebdomadaire. La première séance d’entraînement par intervalles se composait de 12 à15 sprints maximaux de 40 mètres, avec 30 secondes de repos entre chaque sprint. La deuxième séance se composait de 12 à 15 fractions d’effort de 15 secondes à 120 % de leur vitesse aérobie maximale, entrecoupées de 15 secondes de repos (intervalles en mode « 15-15 »).
La vitesse aérobie maximale et le temps pour compléter un sprint de 40 mètres sont demeurés inchangés (les mêmes qu’en pré-saison) lors de la période contrôle. Mais, suite à l’application du programme d’entraînement spécifique décrit précédemment, il y a eu amélioration des déterminants de la performance suivants. Leur vitesse aérobie maximale s’est améliorée de 8,1 %, passant d’une moyenne de 15,9 à 17,3 km/h et le temps pour compléter le sprint de 40 mètres a pour sa part diminué de 3,5 %, passant d’une moyenne de 5,56 à 5,35 secondes. Les chercheurs ont aussi mesuré la performance de l’équipe : durant la période contrôle, elle a remporté 33 % des matchs qu’elle a disputé et pendant les 10 semaines suivantes, où les joueurs pratiquaient l’entraînement par intervalles, ce pourcentage a grimpé à 77,8 %.
Il ressort de cette étude qu’il est judicieux d’inclure des séances d’entraînement par intervalles à l’entraînement traditionnel des joueurs de football, car cela améliore leur performance aérobie (en augmentant la vitesse aérobie maximale) et anaérobie (en diminuant le temps pour compléter le sprint de 40 mètres) pendant la saison régulière. Ainsi, contrairement à l’idée généralement véhiculée, il est possible de continuer d’améliorer les qualités physiques des joueurs pendant la saison de compétition sans altérer négativement la performance de l’équipe. Il pourrait s’avérer tentant de relier directement l’amélioration de la performance de l’équipe (décrite en ratio match gagnés/joués) à l’ajout de l’entraînement par intervalles, mais il est impossible d’établir cette relation car la performance en football dépend d’un grand nombre de facteurs. Les résultats obtenus suggèrent que l’ajout des séances d’entraînement par intervalles à haute intensité ne provoque pas de fatigue supplémentaire ou de surentraînement chez les joueurs. Il est donc recommandé aux entraîneurs d’inclure une combinaison de séances d’entraînement par intervalles à haute intensité et de répétitions de sprints dans la planification de la période de compétition afin de continuer d’améliorer les qualités physiques des joueurs.
Source primaire
Dupont G et al. The effect of in-season, high-intensity interval training in soccer players. J Strength Cond Res 18(3):584-9, 2004.
www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?db=pubmed&cmd=Retrieve&dopt=Abstract&list_uids=15320689& query_hl=1&itool=pubmed_docsum
Rédacteur
Jessica Bush
Étudiante en kinésiologie, Université de Calgary, auxilliaire de recherche, Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement de Québec
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
L’entraînement par intervalles, performance aérobie et anaérobie, sprints
Lectures suggérées
Seigler J et al. Changes evaluated in soccer-specific power endurance either with or without a 10-week, in-season, intermittent, high-intensity training protocol. J Strength Cond Res 17(2):379-87.
www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?db=pubmed&cmd=Retrieve&dopt=Abstract&list_uids=12741882& query_hl=4&itool=pubmed_docsum
Tabata I et al. Effects of moderate-intensity endurance and high-intensity intermittent training on anaerobic capacity and VO2 max. Med Sci Sports Exerc 28(10):1327-30, 1996.
www.ncbi.nlm.nih.gov.ezproxy.lib.ucalgary.ca/entrez/query.fcgi?db=pubmed&cmd=Retrieve&dopt=Abstract&list_uids=8897392& query_hl=7&itool=pubmed_docsum
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