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S334 - Il est possible d’améliorer sa performance en course à pied en pratiquant le cyclisme

INTRODUCTION

L’entraînement combiné (en anglais : cross-training) est un moyen souvent suggéré aux athlètes pour qu’ils améliorent leur performance sans trop risquer de se blesser. Toutefois, bien qu’il s’agisse d’une pratique répandue, les évidences scientifiques supportant l’efficacité de cette pratique sont très limitées.

L’objectif de cette étude était de comparer les effets, sur la performance et sur les indices de surentraînement, d’un programme de course à pied à ceux d’un programme combinant course à pied et cyclisme.

SUJETS ET MÉTHODE

Vingt coureurs à pied entraînés (âge = 33,6 ± 6,5 ans, VO2max sur tapis roulant = 4,69 ± 0,3 L/min) ont participé à l’étude. Après avoir réalisé une série de tests initiaux (poids, taille, VO2max sur tapis roulant, VO2max sur cycloergomètre et diverses mesures de concentrations sanguines), ils ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes : course seulement et entraînement combiné.

Une fois les tests initiaux administrés, les membres des deux groupes devaient, en plus de leur programme d’entraînement habituel de course à pied (40 à 60 km/semaine), effectuer pendant 6 semaines 3 autres séances d’entraînement hebdomadaires. Les sujets du groupe « course seulement » réalisaient les séances supplémentaires en course à pied sur une piste d’athlétisme et sur route, alors que les membres du groupe « entraînement combiné » effectuaient ces séances sur cycloergomètre. Les séances étaient construites comme suit : 5 x 5 min à > 95 % du VO2max (lundi); 50-60 minutes à 70 % du VO2max (mercredi); 3 x 2,5 minutes à > 105 % du VO2max plus 6 x 1,25 minutes à > 115 % du VO2max (vendredi).

Le contenu de chaque séance était noté dans un carnet d’entraînement. Un suivi de l’humeur (mood state) était également réalisé sur une base quotidienne.

La performance en course à pied a été mesurée avant le début du programme, à la fin de la semaine 3 et à la fin du programme. L’économie de course a été évaluée lors d’une séance de course à pied de 10 minutes, à 75 % du VO2max. La performance maximale a été mesurée lors d’une compétition de course à pied simulée de 5 km. Des échantillons sanguins ont été prélevés au repos, avant de débuter les mesures de performance. La consommation d’oxygène était mesurée tout au long de la séance de course à pied à intensité sous maximale.

RÉSULTATS

La performance sur 5 km a été améliorée de façon similaire et significative (- 28 s, en moyenne) chez les membres des deux groupes.

Aucune différence significative pré et post entraînement n’a pu être observée pour l’ensemble des variables mesurées au repos. Les fréquences cardiaques, les pressions artérielles, l’humeur ainsi que les concentrations de créatine kinase sont restées inchangées du début à la fin du programme et n’étaient pas différentes selon les groupes.

Les concentrations de testostérone, testostérone libre et cortisol sont restées inchangées. Le ratio testostérone/cortisol n’a pas été affecté par le type de programme.

L’utilisation de l’un ou l’autre mode d’entraînement n’a pas eu d’effet sur l’économie de course et la perception subjective de l’effort observées lors de la séance de course à pied à intensité sous maximale. La perception subjective de l’effort mesurée à la fin du programme était inférieure à celle mesurée avant le début du programme. Cette réduction était similaire pour les deux groupes d’athlètes.

CONCLUSION

Cette recherche démontre que la performance en course à pied peut être améliorée de façon similaire en pratiquant soit la course à pied de façon exclusive, soit en combinant course à pied et cyclisme.

Bien que la généralisation de ces résultats à une population d’athlètes de haut niveau reste à être vérifiée, cette recherche élargit l’éventail des stratégies d’entraînement mises à la disposition des entraîneurs. L’utilisation du cyclisme comme moyen d’entraînement complémentaire peut s’avérer une option intéressante pour les entraîneurs désireux d’augmenter le volume d’entraînement de leurs athlètes et d’ajouter de la variété dans leurs séances, tout en réduisant les risques de blessures associés à un volume trop élevé de course à pied.

Source primaire

Flynn MG et coll. Cross training: Indices of training stress and performance Med Sci Sports Exerc 30(2):294-300, 1998.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

entraînement combiné, surentraînement, course à pied, Cyclisme

Lectures suggérées

Bastiaans JJ et coll. The effects of replacing a portion of endurance training by explosive strength training on performance in trained cyclists. Eur J Appl Physiol. 86(1):79-84, 2001.

Tanaka H et Swensen T. Impact of resistance training on endurance performance. A new form of cross-training. Sports Med 25(3):191-200, 1998.

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