Bien que plusieurs auteurs (Danish, Petitpas, & Hale, 1992 ; Smoll & Smith, 2002) suggèrent que la participation dans le sport aurait le potentiel d’améliorer le développement personnel des jeunes athlètes, le seul fait d’être sur le terrain ou dans le gymnase ne contribue pas à un développement positif chez les jeunes. C’est plutôt la structure et le contexte du sport ainsi que l’expérience individuelle dans ce contexte sportif qui détermineraient si la participation est vécue comme étant positive ou négative (Mahoney & Stattin, 2000 ; Strean, Garcia, & Bengoechea, 2001). Ainsi, afin de favoriser un développement personnel maximal chez les jeunes athlètes, les programmes sportifs conçus pour eux doivent être développés pour maximiser l’expérience positive. À travers leur participation dans le sport, les jeunes acquièrent des habiletés et des attitudes importantes qui peuvent être appliquées dans d’autres facettes de leur vie. Ces habiletés et attitudes ont donc été appelées les habiletés de vie (life skills) (Danish & Donohue, 1995). Ces habiletés de vie facilitent le développement des habiletés psychologiques requises pour bien gérer les demandes et les défis de la vie quotidienne. Les habiletés de vie peuvent être physiques, comportementales ou cognitives (Danish & Donohue, 1995; Danish & Nellen, 1997) comme par exemple : performer sous la pression, résoudre des problèmes, surmonter des défis, fixer des objectifs, communiquer efficacement, bien gérer le succès et l’échec, travailler en équipe, recevoir de la rétroaction sur la performance et savoir en bénéficier. Il est donc possible pour le jeune athlète d’apprendre ces habiletés dans le sport et de les transférer dans d’autres domaines de la vie. Bien  que plusieurs entraîneurs favorisent probablement directement ou indirectement le développement de ces habiletés chez leurs athlètes, un programme a été mis sur pied spécifiquement dans le but de faire le lien entre les sports et les habiletés de vie à développer chez les jeunes. Le programme SUPER (Sports United to Promote Education and Recreation; Danish, Fazio, Nellen, & Owens, 2002) a donc été créé dans ce but. La présente étude avait pour but d’évaluer l’efficacité du programme. Les auteurs ont émis les hypothèses que : 1. les jeunes athlètes participant au programme démontreraient une meilleure connaissance des habiletés de vie sélectionnées, par rapport à un groupe contrôle, 2. les athlètes auraient une meilleure confiance en leurs aptitudes à utiliser efficacement ces habiletés de vie apprises par rapport à un groupe contrôle, et 3. l’utilisation de ces habiletés de vie résulterait en une meilleure performance.

Pour ce faire, 40 jeunes joueurs de volley-ball et 32 joueurs de soccer (football) âgés entre 10 et 12 ans ont participé à l’étude. La moitié des joueurs de chaque sport faisait partie du groupe contrôle tandis que l’autre moitié recevait le programme SUPER. Le programme visait le développement des habiletés suivantes : fixation d’objectifs, résolution de problèmes et pensée positive. Au début du programme, les jeunes athlètes étaient évalués sur différentes aptitudes reliées à leur sport, telles que les passes au dessus de la tête et le service chez les jeunes jouant au volley-ball. Les deux premières sessions avaient pour but de discuter avec les jeunes de l’importance de fixer des objectifs pour leur permettre d’améliorer leur performance par rapport aux aptitudes évaluées. Les jeunes ont appris comment fixer des objectifs atteignables dans la troisième session tandis que les quatrième et cinquième sessions étaient dévouées à l’apprentissage de fixation d’objectifs personnels positifs et spécifiques. Les sixième et septième sessions visaient l’introduction à la résolution de problèmes. Finalement, la huitième session avait pour but d’apprendre aux jeunes comment faire un plan pour atteindre leurs objectifs. Ainsi, tout en ayant leurs objectifs en tête, les jeunes ont également appris à penser positivement, à résoudre des problèmes et à faire des plans pour atteindre leurs objectifs.

Les résultats ont démontré que les groupes recevant le programme démontraient une meilleure connaissance des habiletés de vie apprises par rapport aux groupes contrôles et ce autant pour le volley-ball que pour le soccer. Les athlètes ont également démontré une meilleure confiance dans  leurs aptitudes à utiliser efficacement ces habiletés de vie apprises par rapport aux groupes contrôle. Par exemple, les jeunes athlètes du volley-ball présentaient une confiance plus élevée pour l’utilisation de la fixation d’objectifs, de la résolution de problèmes et pour la pensée positive que le groupe contrôle. De plus, les résultats ont démontré que l’utilisation de ces habiletés de vie résultait effectivement en une meilleure performance des aptitudes évaluées et ce autant pour les jeunes au volley-ball qu’au soccer. Par exemple, les jeunes au volley-ball présentaient une meilleure performance au test de service par rapport au groupe contrôle.

En conclusion, la présente étude confirme l’efficacité du programme de développement d’habiletés de vie SUPER dans le sport. Par contre seuls les sports du volley-ball et du soccer ont été évalués et seulement trois habiletés de vie ont été enseignées. Il est donc encore impossible de généraliser ces résultats à tous les sports et il reste à vérifier  l’efficacité d’ajouter, dans le programme, l’enseignement d’habiletés telles que la communication et le travail d’équipe. Par ailleurs, il est prudent de dire que ce programme outille bien les jeunes en développement avec des habiletés et des connaissances essentielles pour bien composer avec la réalité du quotidien dans le sport. Les jeunes athlètes profitant de l’amélioration d’habiletés telles que la fixation d’objectifs, la résolution de problème et la pensée positive augmentent leurs chances de devenir de meilleures athlètes. Ainsi, les entraîneurs pourraient bénéficier de ce programme ou d’un programme similaire pour favoriser le développement de ces habiletés chez leurs jeunes athlètes.