S383 - Les performances anaérobies ne sont pas affectées par une nuit blanche
Sachant que les privations de sommeil peuvent affecter la performance, l’humeur, les fonctions cognitives, en plus d’augmenter la perception de fatigue à l’effort, les athlètes craignent que leur performance ne soit considérablement affectée lorsqu’ils manquent de sommeil, par exemple lorsqu’ils doivent se déplacer la nuit.
Dans cette étude, on a évalué les effets d’une nuit blanche sur la performance anaérobie, le jour suivant. On a mesuré la performance anaérobie sur ergocycle (test de force-vélocité et test de Wingate) de 13 hommes (étudiants en éducation physique) en bonne santé, âgés en moyenne de 22,4 ans. On a notamment évalué la force maximale, la force moyenne et la cadence maximale de pédalage. Le test de force-vélocité comprenait 6 ou 7 sprints supramaximaux de 6 secondes chacun, où la résistance fut augmentée d’un sprint à l’autre, jusqu’à ce que le sujet ne puisse maintenir une cadence d’au moins 100 rpm.
Les tests ont été effectués à 6h00 du matin et à 18h00 de la même journée, le lendemain d’une nuit de sommeil normale, soit respectivement 1 h et 13 h après le réveil ; ainsi que le lendemain d’une nuit blanche, soit après 24 h et 36 h d’éveil. On n’a noté aucune différence significative entre les résultats obtenus lors des deux tests du matin. Dans les deux situations, les sujets ont réalisé de meilleures performances dans les tests de 18h00. Les augmentations furent toutefois beaucoup moins élevées lors du protocole suivant la nuit blanche. Aucune différence significative n’a été trouvée dans les mesures de concentration sanguine de lactate.
Après une nuit normale
Après une nuit blanche
Test de 6h00
(1 h d’éveil)
Test de 18h00
(13 h d’éveil)
Test de 6h00
(24 h d’éveil)
Test de 18h00
(36 h d’éveil)
Force maximale (W/kg)
14,1
15,2*
13,9
14,5
Force moyenne (W/kg)
7,9
8,6*
7,9
8,3*
Cadence maximale (rev/min)
208,3
217,7
208,9
213,2
*différence significative entre les résultats des tests de 6h00 et 18h00 de la même journée
Les auteurs de cette étude concluent donc que les performances anaérobies de courtes durées ne sont pas affectées après 24 h d’éveil, mais qu’elles le seraient significativement après 36 h d’éveil. Bien que l’étude ne contenait pas d’éléments perturbateurs à la source de la privation de sommeil (stress, anxiété, inconfort d’un voyage, etc.), qui auraient pu affecter les résultats, leurs résultats suggèrent que les entraîneurs peuvent sécuriser leurs athlètes craignant une diminution de performance anaérobie après une période sans sommeil. À noter cependant qu’il y a de bonnes raisons de croire que la réponse à un manque de sommeil varie d’un sujet à l’autre.
Source primaire
Effects of one night’s sleep deprivation on anaerobic performance the following day Souissi N et coll. Eur J Appl Phys 89:359-66, 2003.
www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?db=pubmed&cmd=Retrieve&dopt=AbstractPlus& list_uids=12736846&query_hl=1&itool=pubmed_docsum
Rédacteur
Xavier Bonacorsi
étudiant en kinésiologie, Université Laval
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
Sommeil, Décalage horaire
Lectures suggérées
Meney I et coll. The effect of one night's sleep deprivation on temperature, mood, and physical performance in subjects with different amounts of habitual physical activity. Chronobiol Int 15(4):349-63, 1998.
www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?db=pubmed&cmd=Retrieve&dopt=AbstractPlus& list_uids=9706412&query_hl=5&itool=pubmed_docsum
Goh VH et coll. Effects of one night of sleep deprivation on hormone profiles and performance efficiency Mil Med 166(5):427-31, 2001.
www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?db=pubmed&cmd=Retrieve&dopt=AbstractPlus& list_uids=11370208&query_hl=8&itool=pubmed_docsum
Sports ciblés
Tous les sports où la performance dépend de la capacité anaérobie et où l’on est susceptible de manquer de sommeil