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S418 - L'étirement statique des fléchisseurs plantaires, avant exercice, nuit à la performance de mouvements en pliométrie, mais n'influence pas ceux en concentrique

Dans la période d’échauffement précédant un sport de puissance, on utilise souvent une période pour s’étirer dans le but d’améliorer la performance. Dans les études antérieures, il semble y avoir des contradictions sur l’effet réel des étirements. Dans cette recherche, les auteurs ont testé l’impact de l’étirement statique sur l’amplitude de mouvement de la cheville et sur la puissance des fléchisseurs plantaires. Ils ont démontré qu’à haut volume et haute intensité, il n’y a pas d’effet significatif sur la puissance concentrique. Par contre, ils affirment qu’il y a une diminution de la performance en pliométrie.

Pour ce faire, 20 sujets ont été testés : 12 hommes et 8 femmes âgés entre 15 et 30 ans. Ils avaient tous de l’expérience dans des activités requérant des sauts ou de la puissance course. De plus, ces individus étaient exempts de blessures au niveau des chevilles et des fléchisseurs plantaires. Pour cette étude, les sujets devaient se présenter six fois au laboratoire. La première rencontre avait pour but de se familiariser aux deux tests; celui de l’élévation plantaire et le saut à contrebas ainsi que, pour déterminer la vitesse de course de leur futur échauffement. Pour chacune des visites suivantes,  ils utilisaient un des cinq protocoles d’échauffement (un différent à chaque fois) et chacune des ces séances étaient séparées d’environ 48h.

Chaque procédure débutait par une dorsiflexion plantaire afin de déterminer l’amplitude maximale de la cheville (atteinte du seuil de douleur), suivie de cinq minutes de course sur tapis roulant. Après cinq minutes de repos, un des cinq protocoles d’étirements était testé. Le volume (temps total d’étirement pour chaque cheville) et l’intensité (% de la dorsiflexion évaluée précédemment) différaient d’un test à l’autre.

Soit :   

1) le contrôle (aucun étirement),
2) une minute (2 x 30 secs) à 100%
3) deux minutes (4 x 30 secs) à 100%
4) deux minutes (4 x 30 secs) à 90%
5) quatre minutes (8 x 30 secs) à 100%

Chaque cheville était étirée 30 secondes de façon alternative puisque cette méthode est fréquemment utilisée par les athlètes afin d’aller chercher une meilleure amplitude de mouvement. Suite à une minute de repos il y avait une réévaluation de l’amplitude de la cheville.

Le premier test, avait pour but d’évaluer la puissance concentrique. Les sujets devaient s’élever sur la pointe des pieds sur une machine Smith modifiée avec une barre de 10kg sur les épaules et ce, le plus vite possible. Une plateforme de force enregistrait deux paramètres : le pic de force ainsi que le taux du développement de la force.

Quant au deuxième test, les sujets devaient effectuer un saut en contrebas à partir d’une boîte de 0,3m de haut. Avec l’aide de cellules photoélectriques et de la plateforme de force, la hauteur du saut, le temps de contact au sol et la vitesse (rapport hauteur / temps) étaient enregistrés. Ces mesures ont permis de sonder la composante élastique du muscle, le cycle d’allongement-raccourcissement de celui-ci et par conséquent, la production de force explosive.

Cette étude démontre que les protocoles d’étirement n’ont aucun effet significatif sur la puissance concentrique. D’autant plus que, suite à l’étirement de 4 minutes les résultats semblaient rapporter une diminution de la performance.           

Les effets de ce test sur le saut en contrebas sont, quant à eux, significatifs. Ils démontrent qu’un haut volume d’étirement, soit entre 2 et 4 minutes à 100%, affectent négativement la puissance en pliométrie. De plus, 4 min. d’étirement apporte des résultats significativement plus bas qu’un volume de 60sec. Bref, plus on augmente le temps d’étirement statique suite à un échauffement de course, plus cela nuit à l’habileté de produire une force explosive en pliométrie. La cause de cette diminution de performance n’a pas été étudiée dans cette étude.  Par contre, si l’intensité de l’étirement est réduite à 90%, la performance ne serait pas affectée. Ceci suggère que le mécanisme qui cause la diminution de la performance à 100%, n’a pas d’influence significative à 90%.  Ainsi, d’un point de vue pratique, l’étirement statique à cette intensité peut être utile si le protocole d’échauffement apporte des bénéfices sur un autre aspect de la performance ou encore sur la prévention de blessures.

On ne peut cependant pas étendre ces résultats à d'autres formes d'étirement ou d'autres force de performance tout comme on ne peut prétendre, faute de preuve, que d'autres formes d'étirement soient plus efficaces…

En ce qui concerne l’effet sur l’amplitude de mouvement, les résultats montrent une légère amélioration entre la première et la deuxième évaluation. Selon les chercheurs, les étirements statiques n’en seraient pas la cause première. Elle serait peut-être due à la course qui constitue une série d’étirements dynamiques.  Il est d’ailleurs démontré, par d’autres recherches, que l’étirement dynamique procure une plus grande amplitude de mouvement que l’étirement statique. Une autre limite de la recherche est que l’angle exigé par le protocole reste fixe tout au long du test. Or, on sait déjà qu’après 30 secondes, la rigidité musculaire diminue faisant ainsi augmenter l’amplitude.

En entraînement sportif de haut niveau, il est important de porter un regard critique sur la tâche sportive qui doit être exécutée. Ainsi, faire des étirements statiques à une intensité de 100% et sur de longues minutes avant des sports contenant des mouvements pliométrique ou impliquant des courses d’appel suivit d’un saut ne sont pas conseillés.  Par contre, si l’étirement apporte des bénéfices sur un autre aspect de la performance, pour ne pas nuire à la tâche demandée, il est alors conseillé de s’étirer à une intensité moindre et de ne pas avoir un volume d’étirement trop élevé.

Source primaire

Young W, Elias G, Power J, Effects of static stretching volume and intensity on plantar flexor explosive force production and range of motion. J Sports Med Phys Fitness 46(3):403-411, 2006.

Rédacteur

Marie-Hélène Bertrand, Stéfanie Lavallée, Marie Claude Poirier, Annie Vincelette
tudiantes en kinésiologie, Département de Kinésiologie de l’Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

Échauffement, Étirement statique, puissance membres inférieurs, flexibilité

Lectures suggérées

1- Calder A, The stretching debate.  What does recent research tell the coach? Sports Coach 25: 37-38, 2003.

2- Fowles JR, Sale DG, MacDougall JD, Reduced strength after passive stretch of the human plantar flexor. J Appl Physiol 89:1179-1188, 2000.

3- Young WB, Elliott S,  Effects of running, static stretching and practice jumps on explosive force production and jumping performance. J Sports Med Phys Fitness 43:21-27, 2003.

4- Young WB, et coll., Acute effects of static stretching on hip flexor and quadriceps flexibility, range of motion and  foot speed in kicking a football. J Sci Med Sport 7:23-31, 2004.

Sports ciblés

Sports de puissance des membres inférieurs, tous sports incluant des sauts et/ou des courses d’appel

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