S459 - Les joueurs de soccer professionnels ne présentent aucune asymétrie musculaire des ischio-jambiers et des quadriceps par rapport à chacune de leurs jambes
Les joueurs de soccer professionnels sont des athlètes utilisant principalement les membres inférieurs afin d’assurer une performance optimale dans leur sport. Les quadriceps jouent un rôle important plus particulièrement dans les situations de course, de saut et lors de la frappe du ballon alors que les ischio-jambiers assurent la stabilisation du genou et contrôlent la course.
Le but de la recherche reposait sur la croyance que les joueurs de soccer, selon leur position de jeu auraient une asymétrie musculaire. Ainsi, selon cette hypothèse, les ischio-jambiers et les quadriceps de ces joueurs seraient plus développés du point de vue de la force d’un côté et ce au détriment de l’autre.
L’expérimentation était utilisée pour vérifier les différences de force des deux jambes. L’unité utilisée pour la comparaison de la force entre les deux jambes est le ratio de force des ischio-jambiers divisé par la force des quadriceps. Cette méthode est considérée comme plus juste pour évaluer la fonction des muscles qu’une évaluation de la force globale de la jambe.
Cette recherche a nécessité l’usage d’un dynamomètre isokinétique afin d’évaluer la force à des angles différents pour un mouvement spécifique. La force a été évaluée selon le ratio ischio-jambiers sur quadriceps soit à : 120, 600, 1800 et 3000. Les sujets de l’étude devaient réaliser une contraction musculaire maximale volontaire (MVC) qui impliquait les deux groupes musculaires étudiés tels que les ischio-jambiers et les quadriceps. L’étude, sur une base volontaire, comptait 42 joueurs de soccers professionnels divisés en trois groupes spécifiques. Le premier groupe se composait de 15 joueurs ayant une prédominance à utiliser la jambe droite. Le deuxième groupe, de 12 joueurs, avait une dominance de l’utilisation de la jambe gauche alors que le troisième groupe, de 15 joueurs, utilisait à part égale chaque jambe. Ce troisième groupe était le groupe contrôle qui agissait pour comparer les résultats avec les joueurs ayant une prédominance. Afin de définir la prédominance du joueur, les chercheurs et les entraîneurs ont observé durant des sessions d’entraînement et des matchs chacun des joueurs au niveau des habilités de chacune des jambes afin de choisir laquelle était la plus dominante.
Certaines restrictions étaient imposées aux joueurs concernant le temps et la fréquence de leur entraînement. De plus, aucun des participants ne pouvaient adhérer à un entraînement de musculation durant la saison de compétition. Les chercheurs évaluaient les sujets de l’étude un mois avant la fin de la saison de compétition sur les paramètres de la force musculaire. Les joueurs ne devaient présenter aucune blessure ou chirurgie antérieure au niveau du genou ou de la cheville. Ils ne devaient pas utiliser de médication et ne devaient souffrir d’aucune forme de pathologie pouvant affecter la condition motrice et ne devaient pratiquer aucune activité vigoureuse 24 heures avant le test.
Les résultats de l’étude ont démontré que le ratio ischio-jambiers sur quadriceps (H/Q) était semblable entre la jambe gauche et la jambe droite que les sujets soient droitiers, gauchers ou ambidextres, et ce, quelque soit la vitesse de mouvement... De plus, l’étude ne montre aucune différence significative entre la jambe dominante et la jambe non-dominante concernant la force maximale et ce pour le groupe 1 et le groupe 2. Les résultats nous permettent donc de conclure qu’il y a absence d’asymétrie entre la jambe dominante et la non-dominante pour les deux groupes musculaires étudiés. Cette conclusion vient renforcer les nouvelles études sur le sujet, toutefois elle est contradictoire aux anciennes recherches qui utilisaient une autre définition pour le terme « dominance » en parlant de la jambe. Les études antérieures définissaient la jambe dominante comme étant celle que le joueur préférait utiliser pour frapper le ballon ou tout simplement celle qui était la plus forte. Dans cette expérience, le mot dominance ne signifiait pas préférence mais plutôt l’usage, ce qui explique les différences des résultats entre l’étude courante et les études antérieures.
Pour conclure, les joueurs de soccer professionnels réussissent à éviter une asymétrie puisque la variété des situations de jeu imposées leur permet de maintenir une force similaire des deux côtés du corps. Par exemple, lorsque le joueur frappe le ballon la jambe opposée doit fournir un support et donc travaille également en force. Au soccer, il existe plusieurs situations de jeu dont les feintes, les sauts, les sprints qui impliquent autant les deux jambes d’un même individu. De plus, les exercices choisis lors des entraînements des joueurs de soccer visent à éviter un déséquilibre musculaire. Les deux facteurs précédents expliquent les résultats obtenus à la fin de la recherche.
Les préparateurs physiques n'ont donc pas à trop se soucier d'un tel déséquilibre en essayant de compenser pour le membre non dominant. Il faut surtout éviter de créer des situations susceptibles de provoquer un tel déséquilibre.
Source primaire
ZAKAS A. Bilateral isokinetic peak torque of quadriceps and hamstring in professional soccer players with dominance on one or both two sides. Journal Sports Med Physical Fitness 2006; 46 (1): 28-35.
Rédacteur
Hélène Gascon, Geneviève Simard
étudiante 1er cycle en Kinésiologie, Université de Montréal
Éditeur
Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal