S577 - Des stratégies appropriées pourraient limiter la déshydratation et ses effets sournois lors de stages d'entraînement à la chaleur
Certains sports sont particulièrement exigeants sur le plan physique, spécialement durant les stages d’entraînement intensif. Pour un sport à haute intensité comme le football, cela peut devenir problématique lorsque combiné à un environnement chaud. En effet, plusieurs cas de malaises sont rapportés chaque année, souvent pour cause d’hyperthermie. Plusieurs études ont déjà démontré l’importance de maintenir une bonne hydratation pour éviter l’hyperthermie. On sait également que dans les cas de stages d’entraînement où il peut y avoir deux séances par jour, la déshydratation est presque inévitable. Pourtant, peu d’études ont fait état des changements physiologiques reliés à ces conditions extrêmes.
La présente étude avait justement pour but de cerner les changements de certains paramètres physiologiques suite à des séances d’entraînement intense en milieu chaud et humide. Les paramètres à l’étude étaient la masse corporelle, l’hématocrite, le taux d’hémoglobine, la gravité spécifique de l’urine (concentration), ainsi que les taux de potassium et de sodium dans l’urine.
On a demandé à 10 joueurs de 21 ans en moyenne jouant au football au sein de la NCAA division II de participer à l’étude. Lors d’une journée type, les joueurs avaient deux séances d’entraînement, soit une le matin entre 8:30 et 10:45, puis une entre 15:15 et 17:30. Les différents paramètres déjà mentionnés étaient mesurés les jours 2, 3, 4, 6 et 8 du stage d’entraînement. Chaque joueur devait fournir un échantillon d’urine à quatre reprises tous les jours, en plus d’être pesé nu avant et après chaque pratique. Pour mesurer la température corporelle, chaque joueur ingérait un senseur thermique quelques heures avant la pratique.
Il a été observé que les joueurs n’arrivaient pas à reprendre le poids perdu au cours des huit jours du stage d’entraînement. La gravité spécifique urinaire était généralement plus élevée pendant le stage d’entraînement qu’avant celui-ci. Les taux de sodium dans l’urine étaient beaucoup plus bas tout au long du stage sauf à la toute fin. En effet, une légère hausse a été mesurée à la fin du jour 6, et cette augmentation s’est manifestée jusqu’au jour 8. Quant aux concentrations urinaires de potassium, elles ont été significativement plus basses aux jours 6 et 8 par rapport à la concentration étalon. Le volume plasmatique mesuré a lui aussi changé par rapport aux mesures étalons, soit des baisses aux jours 2 et 3, suivies d’une hausse aux jours subséquents.
Lors de l’étude, certains jours, les entraîneurs ont mis à la disposition des joueurs des cruches d’eau froide, d’autres jours les joueurs devaient boire à partir d’une fontaine (eau moyennement froide). Les chercheurs ont observé une plus grande perte de poids les jours où les joueurs buvaient à partir de la fontaine.
APPLICATIONS
Voici quelques conseils qui devraient permettre d’assurer autant que possible la sécurité des athlètes. D’abord il faut comprendre les résultats. La masse corporelle étant toujours plus basse qu’au jour 1, on suppose que les joueurs ne sont pas arrivés à maintenir une hydratation « complète » tout au long du stage d’entraînement. Les gravités spécifiques urinaires constamment au-dessus du niveau basal tout au long du stage confirment l’hypothèse d’un état de déshydratation. On estime qu’un joueur de football peut perdre jusqu’à environ deux litres d’eau à chaque heure de pratique. Quant à l’augmentation du volume plasmatique à partir du jour 3, elle serait due à l’acclimatation. Ce phénomène a déjà été documenté par le passé. Ce qu’il faut retenir, c’est que les premiers jours sont plus éprouvants que les jours subséquents.
POUR LES JOUEURS
Les joueurs devraient boire de l’eau tout au long de la journée. Règle d’or : boire peu, mais fréquemment (100 à 150 mL/15 à 25 min). Ils devraient idéalement manger plusieurs petits repas, sans oublier de saler les aliments. Des boissons sportives pourraient aussi être utiles pour aider à obtenir un apport suffisant en électrolytes. Ceci étant dit, étant donné les pertes excessives d’eau, il faudra veiller à diluer ces boissons afin de favoriser un meilleur « passage » de celles-ci, du système digestif au système circulatoire.
POUR LES ENTRAÎNEURS
On a vu qu’il y avait un phénomène d’acclimatation chez les athlètes. Partant de ce principe, il faudrait idéalement veiller à commencer le stage d’acclimatation avec des exercices légers; les premiers jours pourraient davantage servir à des aspects techniques et à des exercices demandant moins d’intensité. Enfin, il faudrait veiller à mettre à la disposition des athlètes de l’eau ou des boissons sportives froides lors des séances d’entraînement.
Source primaire
Godek SF et coll. (2005) Hydration Status in College Football Players During Consecutive Days of Twice-a-Day Preseason Practices Am J Sports Med 33(6):843-51.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15827364?
Rédacteur
Xavier Jutras
B.Sc., kinésiologie
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
Contrôle de la température corporelle, thermorégulation, hydratation, Boisson sportive, chaleur, adolescents, stages d’entraînement, football
Lectures suggérées
Armstrong LE (1994) Considerations for replacement beverages: fluid-electrolyte balance and heat illness Dans : Marriot BM (Éditeur) Fuid Replacement and Heat Stress. Washington, DC : National Academy Press:37-54.
Armstrong LE et coll. (1985) Effects on dietary sodium on body muscle potassium content during heat acclimation Eur J Applied Physiol Occup Physiol 54:391-97.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/4065126?
Kulka TJ et WL Kenney (2002) Heat balance limits in football uniforms : how different uniform ensembles alter the equation Phys Sportsmed, 30:1-11.
www.physsportsmed.com
Sports ciblés
Football et tous les autres sports de moyenne à longue durée pouvant se dérouler dans des conditions de chaleur excessive