S589 - Un plus grand pourcentage de la charge totale d’entraînement en zone 1 qu’en zone 2 s’accompagnerait d’une plus grande amélioration des performances chez les coureurs de fond et de demi-fond
Lorsqu'il est question de l'entraînement des coureurs de fond et de demi-fond, une interrogation majeure concerne l'intensité d'entraînement : est-il préférable de s'entraîner moins longtemps à une intensité moyenne ou plus longtemps à une intensité faible.
Dans cette étude, on a distingué trois zones d'entraînement, soient la zone 1 se situant sous le 1er seuil ventilatoire (intensité faible), la zone 2 se situant entre le 1er et le 2e seuil ventilatoire (intensité moyenne) et la zone 3 se situant au dessus du 2e seuil ventilatoire (intensité élevée). On a comparé l'effet de deux programmes d'entraînement comprenant le même pourcentage de volume de course en zone 3 et la même charge d'entraînement, mais se distinguant par le volume relatif en zones 1 et 2.
Plus précisément, le pourcentage du volume total d'entraînement consacré aux zones 1, 2 et 3 respectivement était d'approximativement 80 %, 10 % et 10 % pour le programme mettant l'accent sur la zone 1, et 65 %, 25 % et 10 % pour le programme mettant l'accent sur la zone 2. Douze coureurs d'endurance de haut niveau (spécialités : 5000 mètres, cross-country) ont été aléatoirement soumis à l'un des deux programmes d'entraînement mentionnés, pendant 5 semaines. Afin de s'assurer que la charge d'entraînement des deux groupes était équivalente, la méthode des « trimps » a été utilisée, le nombre total de « trimps » étant le même pour les deux groupes après leur programme d'entraînement. Plus concrètement, comme complément à leurs entraînements d'intensité élevée, les athlètes faisant partie du groupe mettant l'accent sur la zone 1 ont effectué plus de longues sorties à faible intensité, alors que ceux du groupe devant effectuer un plus grand volume en zone 2 ont fait plus d'entraînements continus rapides à intensité moyenne.
Au début et à la fin de la période d'entraînement, les coureurs ont effectué une course simulée de 10,4 km sous les mêmes conditions. Bien que tous les coureurs aient effectué un meilleur temps à la course simulée suite à la période d'entraînement, l'amélioration s'est avérée plus grande chez les athlètes ayant effectué un plus grand pourcentage d'entraînement en zone 1 par rapport à ceux qui avaient mis l'accent sur la zone 2 (amélioration de 157 ± 13 secondes versus 121,5 ± 7,1 secondes respectivement).
Ces résultats peuvent laisser croire que la combinaison idéale d'entraînement chez les coureurs de fond et de demi-fond comprend un plus grand volume d’entraînement en zone 1 qu'en zone 2. Ceci va toutefois à l'encontre de plusieurs autres recherches indiquant plutôt que l’entraînement intensif s’accompagne d’une plus grande amélioration de la performance aérobie. En fait, il est possible qu’une trop grande partie de la charge globale d’entraînement consacrée à la zone 2 ait privé les athlètes de la récupération dont ils avaient besoin et engendré une fatigue nuisible. N’empêche que les entraîneurs ont peut-être intérêt à privilégier les longues sorties de récupération aux sorties à intensité moyenne entre les journées d’entraînement à intensité élevée. Toutefois, les sorties en zone 2 ne sont tout de même pas à bannir, une combinaison incluant des entraînements en zone 1 et en zone 2 demeurant tout de même importante pour assurer un développement optimal à long terme.
Source primaire
Esteve-Lanao J et coll. (2007) Impact of training intensity distribution on performance in endurance athletes.
J Strength Cond Res 21(3):943-9.
Rédacteur
Kathryn Adel
kinésiologue
Éditeur
Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
Coureurs d’endurance, zones d’entraînement, performance
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Scand J Med Sci Sports 16(1):49-56.
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