S647 - Un programme de musculation par résistance aquatique a des effets positifs sur la force maximale, la puissance musculaire et la composition corporelle
Les activités aquatiques sont de plus en plus utilisées pour améliorer la condition physique des athlètes de haut niveau. Les réponses physiologiques induites par l'immersion ainsi que les bénéfices articulaires liés à ce type d'activités font de l'eau un milieu de travail aux propriétés uniques. Cependant, les études manquent en ce qui concerne les critères méthodologiques permettant de contrôler objectivement la résistance aux mouvements et de quantifier la dépense énergétique (Pöyhönen T et coll, 2002). Or, cela est important si l’on désire réaliser un programme d’entraînement pour un sportif de haut niveau.
L’hypothèse de la présente étude était que l’entraînement de musculation par résistance aquatique pouvait générer des adaptations neuromusculaires positives à condition que la résistance aux mouvements soit contrôlée par une cadence de mouvement spécifique, déterminée préalablement pour chaque exercice et chaque sujet. Pour réaliser cette individualisation, les sujets ont dû déterminer, pour chaque exercice, la cadence permettant d'atteindre la résistance souhaitée, à savoir dix répétitions maximum avec la bonne technique.
Douze étudiants en éducation physique en bonne santé ont été répartis en deux groupes : un groupe contrôle (n = 5) et un groupe expérimental (n = 7). Des pré-tests ont été réalisés avant le début du programme d’entraînement, afin de déterminer les effets de la musculation par résistance aquatique. Ils avaient pour but d'évaluer la force maximale (développé couché, squat, presse), la puissance (détente verticale), ainsi que la composition corporelle (plis cutanés, circonférence des différents segments, pourcentage de masse grasse).
Après avoir déterminé la cadence de base à suivre (mouvements/minute) pour chaque exercice, les participants ont suivi le programme d’entraînement qui s’étalait sur huit semaines, à raison de trois séances par semaine. Lors de chaque exercice, les sujets devaient respecter le rythme initialement prévu. Pour les aider, un métronome acoustique était utilisé.
L'analyse des résultats montre une augmentation significative de la force maximale du membre supérieur, ainsi qu’un accroissement de la puissance musculaire des membres inférieurs pour les sujets ayant suivi le programme de musculation aquatique. Des améliorations ont également été remarquées au niveau de la composition corporelle des membres supérieurs, mais pas au niveau des membres inférieurs.
Les résultats, très positifs, montrent que suivre un tel programme de musculation aquatique, où la cadence de mouvement est individualisée et ajustée pour chaque exercice, permet non seulement d’améliorer la force et la puissance musculaire, mais aussi de diminuer la masse grasse. Cette particularité d’entraînement s'avère donc intéressante. De plus, elle provoque un stimulus différent de la musculation traditionnelle et permet ainsi de varier l'entraînement. Un autre avantage est qu'il n'y a aucune contrainte articulaire lors de ce type de séance. Enfin, une plus grande masse musculaire est mobilisée (pour se stabiliser dans l'eau), ce qui entraîne une plus grande participation cardiovasculaire et des réponses métaboliques supérieures à la musculation sur terre ferme (Colado JC et coll, 2006). Dès lors, outre l’utilisation traditionnelle lors de contextes rééducatifs cliniques, des activités aquatiques peuvent aussi être envisagées, afin de travailler la musculation avec des sportifs de haut niveau.
Il est toutefois important de préciser que les actions concentriques sont grandement majoritaires dans ce type d’entraînement. Or, nous savons que celles-ci sont combinées à des actions excentriques dans la grande majorité des actions motrices. C'est pourquoi, ce type d'entraînement ne doit pas remplacer la musculation traditionnelle, mais plutôt lui servir de variante et de complément.
Source primaire
Colado JC, Tella V et coll. Effects of a short-term aquatic resistance program on strength and body composition in fit young men. J Strength Cond Res. 2009;23(2):549-559.
Rédacteur
Julien Onclin
master en sciences de la motricité à finalité didactique, Université de Liège (Belgique). Master en sciences de la motricité à finalité spécialisée en entraînement sportif et préparation de haut niveau, université de Liège (Belgique)
Éditeur
Jacqueline Delord
département du sport de haut niveau (préparation physique et réhabilitation dans l'eau), INSEP
Mots-clés
musculation, résistance aquatique, Force de traînée, cadence de mouvement
Lectures suggérées
Bushman BA, Flynn MG et coll. Effect of 4 wk of deep water run training on running performance. Med Sci Sports Exerc. 1997;29:694-699.
Colado JC, Tella V et coll. Response to resistance exercise performed in water vs. on land. Port J Sport Sci. 2006;6(Suppl2) :361-363.
Pöyhönen T, Sipilä S et coll. Effects of aquatic resistance training on neuromuscular performance in healthy women. Med Sci Sports Exerc. 2002;34:2109-2002.