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S534 - Reconnaître les différents profils motivationnels des athlètes permet d'améliorer leur rendement et leur bien-être

Pour le débutant comme pour le sportif de haut niveau, la motivation apparaît comme l’un des aspects les plus importants de la pratique sportive. Elle pousse l'individu à agir. Elle correspond à des réactions affectives susceptibles de déclencher et de soutenir une action. Elle permet de surmonter les obstacles, de continuer à se battre malgré les frustrations. La motivation dynamise, active, dirige et canalise l'individu vers un but; la motivation est tout simplement un facteur déterminant au cheminement athlétique et au bien-être personnel.

Cette variable importante reste néanmoins un élément méconnu et parfois déstabilisant pour les entraîneurs. D’un côté, on reconnaît que l’intensité et la forte demande de l’entraînement de haut niveau prend tout son sens sur la motivation et la détermination de l’athlète, mais d’un autre côté, on ne sait pas comment établir et maintenir un niveau de motivation favorable au développement des athlètes entraînés. Pour analyser cette question, on a mené une étude sur les profils motivationnels des athlètes de haut niveau. Non seulement cette étude à permis d’identifier des profils motivationnels des athlètes élites, mais elle a aussi examiné la relation entre les profils et les indices cognitifs, émotionnels et comportementaux (Chan Zason & John Wang, 2008).

Parmi les 303 athlètes qui ont participé à cette étude sur la dynamique motivationnelle, quatre groupes distinctifs ont été identifiés: le groupe à motivation mal adaptée, le groupe à motivation élevée, le groupe à basse compétence et le groupe démotivé. Ces groupes ont été formés en analysant statistiquement les réponses aux questionnaires pour évaluer, entre autres, leurs orientations en terme d’objectif d’accomplissement (tâches versus égo). Selon Nicholls (1997), une personne orientée vers la tâche va se concentrer sur l’accomplissement et le développement de ses compétences (ex. attention portée sur l’amélioration d’une technique de tir), tandis qu’une personne orientée vers la satisfaction de l’égo soulignera l’importance de démontrer ses compétences ou évitera de se faire juger par les autres comme incompétente (ex. attention portée sur être le meilleur buteur de son équipe). Jusqu’à présent, une récente revue systématique sur le sujet (Biddle, Wang, Kavussanu, et Spray, 2003) précisait que l’orientation vers l’accomplissement de la tâche serait favorable à la motivation des athlètes.

Il serait donc possible, pour un entraîneur, d’optimiser le rendement et le bien-être des athlètes en intervenant en fonction du profil motivationnel de chacun. Concrètement, cela signifie que pour un entraîneur, l’identification du profil motivationnel (motivation mal adaptée, à motivation élevée, à basse compétence, et démotivé) permettrait de cibler les besoins cognitifs, affectifs et comportementaux de chacun pour ainsi améliorer la motivation de l’athlète dans l’entraînement sportif. Par exemple, un athlète de profil mal adapté (se distinguant par l’orientation vers l’égo plutôt élevé et vers la tâche plutôt basse) se voit bien souvent en baisse de motivation lorsque la «performance» n’y est pas. Ainsi, un entraîneur peut encourager cet athlète à se concentrer sur l’amélioration de certaines tâches précises plutôt qu’à s’identifier seulement à la performance. Graduellement, l’athlète prendra plaisir et se valorisera lui-même à travers un processus de développement plutôt qu’un résultat. Bien souvent, pour les individus avec motivation mal adaptée, à basse compétence et démotivé, la meilleure chose à faire est de les aider à réévaluer leur situation présente (ex. pourquoi ne vois-tu pas aucun progrès dans tes performances ?) et, dans certains cas, réapprendre à se « récompenser » progressivement sur des notions ou des tâches précises.

Pour un individu à motivation élevée, la motivation intrinsèque s’avère le carburant essentiel à l’entraînement, puisque la personne prend plaisir au processus (ex. pratiquer pour ce que les valeurs du sport lui procurent, tels les besoins de se réaliser, de s’accomplir et d’avoir du plaisir) et développe du même coup une autonomie essentielle au développement de l’athlète. La motivation dite extrinsèque (ex. pratiquer pour des raisons externes, tel faire plaisir au coach ou pour une médaille) s’avère très positive sur le résultat à court terme, mais sur une perspective à long terme, il est fortement encouragé de développer « l’autonomie-motivationnelle » chez les athlètes pour qu’ils puissent activer eux-mêmes le niveau d’énergie nécessaire que requiert le sport de haut niveau. Ainsi, le désir ardent d’exceller sera carburé par le bonheur que procure le sport pratiqué.

Source primaire

Chan Zason L. K. & John Wang C. K (2008).Motivational profiles of junior college athletes: A cluster analysis.Journal of Applied Sport Psychology, 20, 137-156.

Rédacteur

Catherine Duchesne
consultante en psychologie du sport

Éditeur

André Fournier
directeur INS Québec - Montréal

Mots-clés

Motivation, centre émotif, cognitif, et comportemental, détermination

Lectures suggérées

Nicholls, J. G. (1989). The competitive ethos and democrats’ education. Cambridge, M. A.: Harvard University Press.

Biddle,S. J. H., Wang,C. K. j., Kavussanu,M. et Spray, C. M. 2003. Correlates of achievement goal orientations in physical activity: A systematic review of research. European journal of sport science, 3, 1-20.

Vallerand, Robert. J http://www.er.uqam.ca/nobel/r26710/LRCS/default.htm

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