T2 - Comment gérer la dimension psychologique aux différentes étapes de la spécialisation en sport ?
Description
Quel que soit le potentiel d’un athlète au départ, on sait qu’il ne pourra exprimer pleinement ce potentiel qu’après des années de pratique où on distingue trois stades fondamentaux : l’initiation, le développement et le perfectionnement (Bloom, 1985). La pratique de l’athlétisme s’inscrit dans cette logique du développement de l’expertise : l’école d’athlétisme, les épreuves multiples, une période de pré-spécialisation sur un panel d’épreuves complémentaires (sprint-haies, longueur-haies), puis la spécialisation à part entière, étape délicate mais incontournable de la carrière de l’athlète.
En théorie, les critères à prendre en compte pour guider l’orientation de l’athlète vers telle ou telle spécialité sont multiples : dispositions physiologiques, physiques, psychologiques de l’athlète, degré de maturité tant biologique que psychologique, mais aussi ses goûts, ce qui le motive à venir pratiquer l’athlétisme. Or, dans les faits, la composante psychologique est souvent occultée. Pourtant, l’engagement et la persistance dans la pratique reposent pour une bonne part sur des facteurs d’ordre psychologique, notamment le plaisir dans l’entraînement et en compétition et le sentiment de progresser (Côté & Hay, 2002). Le plaisir peut s’exprimer de différentes façons : sentiment de s’amuser, de se détendre, ou de se défouler physiquement et mentalement, plaisir d’apprendre à maîtriser une technique, plaisir de l’effort ou de ce que l’on éprouve après l’effort... La notion de progrès renvoie quant à elle aussi bien aux progrès de performance (par rapport à ses propres records, par rapport aux autres), qu’au sentiment d’évoluer personnellement et socialement au travers de sa pratique (épanouissement physique et mental, développement personnel). Mettre l’accent sur cette notion de développement personnel est important, notamment dans les phases critiques ou de transition d’une carrière sportive (paliers de performance, périodes à fortes contraintes scolaires, professionnelles ou familiales, périodes de blessure).
Or, les formes de pratique de l’athlétisme et les critères de réussite qui l’accompagnent évoluent au fur et à mesure du développement de l’expertise. Concernant les formes, on évolue d’une pratique ludique qui met l’accent sur le jeu, le plaisir, l’enthousiasme, vers une pratique plus structurée, qui nécessite plus de temps, d’efforts, qui apparaît plus sérieuse. Puis, la pratique devient passion. On s’adonne à des entraînements soutenus voire intensifs, et on organise sa vie au quotidien autour de cette pratique. À chaque étape de la carrière de l’athlète correspond donc une forme de pratique différente. Un décalage entre ce que recherche l’athlète et ce qu’on lui propose peut constituer une cause d’abandon, y compris chez des athlètes à fort potentiel. De même, le regard porté sur la performance évolue. Chez le jeune athlète, on valorise plutôt l’effort, l’apprentissage et le progrès personnel. Dans la période dite de spécialisation, la compétition devient le terrain privilégié de l’évaluation des progrès. Dans la phase d’investissement, la quête de l’athlète est d’exprimer son meilleur niveau de performance, d’atteindre sa place dans la hiérarchie et de s’y maintenir. Donc, là encore, à chaque étape de la carrière de l’athlète correspond un rapport à la performance différent, dont il faut tenir compte.
Commentaire
Cet article, qui s’intéresse plus particulièrement aux adolescents, peut contribuer à alimenter une réflexion, notamment dans les sports à maturité précoce (e.g., gymnastique, GRS, voire natation) sur la nécessaire prise en compte par les entraîneurs du haut niveau des particularités psychologiques du développement de l’adolescent. Il concerne aussi, en athlétisme (où le regroupement de l’élite en pôle n’est pas systématisé) de nombreux entraîneurs de club qui sont souvent amenés à entraîner dans un même groupe des athlètes d’élite et les jeunes talents de demain. Or, calquer sur ces jeunes à fort potentiel les formes de pratique de l’élite, en se contentant d’adapter la charge d’entraînement, peut être à terme source de démotivation et d’abandon.
Deux éléments apparaissent fondamentaux pour garantir la persistance dans la pratique des adolescents : le plaisir et le sentiment de progresser. Pour y parvenir, l’entraîneur doit veiller dans cette phase à :
rechercher un équilibre entre le " jeu " et " l’entraînement";
tenir compte des motivations du jeune à la pratique de son sport ;
trouver des formes de pratique permettant de concilier l’entraînement par spécialité et l’envie d’être avec les copains ;
retarder la spécialisation si l’athlète aime pratiquer plusieurs disciplines ;
préserver à l’entraînement des critères d’évaluation " personnelle " des progrès techniques ou de performance réalisés par l’athlète.
Quel que soit le potentiel d’un athlète au départ, on sait qu’il ne pourra exprimer pleinement ce potentiel qu’après des années de pratique où on distingue trois stades fondamentaux : l’initiation, le développement et le perfectionnement (Bloom, 1985). La pratique de l’athlétisme s’inscrit dans cette logique du développement de l’expertise : l’école d’athlétisme, les épreuves multiples, une période de pré-spécialisation sur un panel d’épreuves complémentaires (sprint-haies, longueur-haies), puis la spécialisation à part entière, étape délicate mais incontournable de la carrière de l’athlète.
En théorie, les critères à prendre en compte pour guider l’orientation de l’athlète vers telle ou telle spécialité sont multiples : dispositions physiologiques, physiques, psychologiques de l’athlète, degré de maturité tant biologique que psychologique, mais aussi ses goûts, ce qui le motive à venir pratiquer l’athlétisme. Or, dans les faits, la composante psychologique est souvent occultée. Pourtant, l’engagement et la persistance dans la pratique reposent pour une bonne part sur des facteurs d’ordre psychologique, notamment le plaisir dans l’entraînement et en compétition et le sentiment de progresser (Côté & Hay, 2002). Le plaisir peut s’exprimer de différentes façons : sentiment de s’amuser, de se détendre, ou de se défouler physiquement et mentalement, plaisir d’apprendre à maîtriser une technique, plaisir de l’effort ou de ce que l’on éprouve après l’effort... La notion de progrès renvoie quant à elle aussi bien aux progrès de performance (par rapport à ses propres records, par rapport aux autres), qu’au sentiment d’évoluer personnellement et socialement au travers de sa pratique (épanouissement physique et mental, développement personnel). Mettre l’accent sur cette notion de développement personnel est important, notamment dans les phases critiques ou de transition d’une carrière sportive (paliers de performance, périodes à fortes contraintes scolaires, professionnelles ou familiales, périodes de blessure).
Or, les formes de pratique de l’athlétisme et les critères de réussite qui l’accompagnent évoluent au fur et à mesure du développement de l’expertise. Concernant les formes, on évolue d’une pratique ludique qui met l’accent sur le jeu, le plaisir, l’enthousiasme, vers une pratique plus structurée, qui nécessite plus de temps, d’efforts, qui apparaît plus sérieuse. Puis, la pratique devient passion. On s’adonne à des entraînements soutenus voire intensifs, et on organise sa vie au quotidien autour de cette pratique. À chaque étape de la carrière de l’athlète correspond donc une forme de pratique différente. Un décalage entre ce que recherche l’athlète et ce qu’on lui propose peut constituer une cause d’abandon, y compris chez des athlètes à fort potentiel. De même, le regard porté sur la performance évolue. Chez le jeune athlète, on valorise plutôt l’effort, l’apprentissage et le progrès personnel. Dans la période dite de spécialisation, la compétition devient le terrain privilégié de l’évaluation des progrès. Dans la phase d’investissement, la quête de l’athlète est d’exprimer son meilleur niveau de performance, d’atteindre sa place dans la hiérarchie et de s’y maintenir. Donc, là encore, à chaque étape de la carrière de l’athlète correspond un rapport à la performance différent, dont il faut tenir compte.
Commentaire
Cet article, qui s’intéresse plus particulièrement aux adolescents, peut contribuer à alimenter une réflexion, notamment dans les sports à maturité précoce (e.g., gymnastique, GRS, voire natation) sur la nécessaire prise en compte par les entraîneurs du haut niveau des particularités psychologiques du développement de l’adolescent. Il concerne aussi, en athlétisme (où le regroupement de l’élite en pôle n’est pas systématisé) de nombreux entraîneurs de club qui sont souvent amenés à entraîner dans un même groupe des athlètes d’élite et les jeunes talents de demain. Or, calquer sur ces jeunes à fort potentiel les formes de pratique de l’élite, en se contentant d’adapter la charge d’entraînement, peut être à terme source de démotivation et d’abandon.
Deux éléments apparaissent fondamentaux pour garantir la persistance dans la pratique des adolescents : le plaisir et le sentiment de progresser. Pour y parvenir, l’entraîneur doit veiller dans cette phase à :
rechercher un équilibre entre le " jeu " et " l’entraînement";
tenir compte des motivations du jeune à la pratique de son sport ;
trouver des formes de pratique permettant de concilier l’entraînement par spécialité et l’envie d’être avec les copains ;
retarder la spécialisation si l’athlète aime pratiquer plusieurs disciplines ;
préserver à l’entraînement des critères d’évaluation " personnelle " des progrès techniques ou de performance réalisés par l’athlète.
Source primaire
DEBOIS N. Des épreuves multiples à la spécialisation : la prise en compte de la dimension psychologique. 2004; Revue AEFA, n° 173Éditeur
Claire Calmelsdocteur Staps qualifié MC, Professeur certifié EPS
http://labopsycho.campus-insep.com
Mots-clés
préparation à la performance, adolescent, méthode d'entraînement, Motivation, perfectionnement préparation psychologique, spécialisation.Lectures suggérées
BLOOM B-S. Developing talent in young people. 1985; New York : Ballantine.CÔTÉ J, HAY J. Children’s involvement in sport : A developmental perspective. 2002; In Silva J.-M. & Stevens D. (Eds.), Psychological foundations in sport (2nd ed., p. 484-502). Boston : MERRILL.
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